Joachim Lafosse commente "Nue propriété"

  • il y a 16 ans
on a affaire à une mère toute puissante ?

Joachim Lafosse : Oui, ça c’est sûr ! Mais pas seulement. Il y a aussi un fils qui défend son père. Le père a été un peu oublié ou symboliquement assassiné. Mon objectif, on verra si c’est réussi, était de sauver quelqu’un de très violent. D’emmener le spectateur avec un personnage qui va, parce qu’il est le fils d’une mère toute puissante, sombrer dans une espèce de possession et de violence destructrice.

On peut donc dire que ça tourne autour de la transmission, de la filiation, mais pas autant que pour Folie Privée. En écrivant, je pensais à autre chose : à La Cerisaie de Tchekhov. Ce qui m’a aidé aussi en écrivant le film, c’est La Splendeur des Ambersons de Welles, autour de ce rapport à la propriété, mais la propriété tant au niveau des murs qu'au niveau du questionnement : qu’est-ce que c’est d’être parent ? Avoir des enfants ? Et à travers ceci, quelle est la fonction de chacun ? Quand décide t-on de prendre la responsabilité d’être parent ? Qu’est-ce que c’est être fils ? Jusqu’où peut-on aller quand on est fils ?

C. : Est-ce que chacun trouve ses marques ?

Joachim Lafosse : Voilà ! Où sont les limites de tout ça ? Le moteur de l’écriture de Nue Propriété consiste à ce qu’à la fin du film, le spectateur s’interroge sur les limites de chacun. Les limites de la responsabilité. Par exemple, ces deux jeunes adultes, des jumeaux, qui vivent encore avec leur mère et qui deviennent violents avec elle : est-ce qu’on doit leur pardonner ? Les comprendre ? Enfin, leur pardonner, je ne crois pas que cela serve à quelque chose, mais c’est tenter d’expliquer pourquoi ils en sont là ? Pourquoi ils ont besoin d’avoir ce rapport de violence avec leurs parents ? Et que tout ça n’est pas un hasard. Je crois que c’est un système.
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