Légendes d’automne
  • il y a 16 ans
Vidéo par Chou

Légendes d’automne

Par Antoine Menuisier

Trois écoles primaires dans Paris : banderoles pour les sans-papiers, plaques commémorant le martyre d’enfants juifs. Pas facile, la mémoire.

Ça n’a pas toujours existé, les expulsions de sans-papiers. Pour le grand public, je veux dire. C’est un phénomène récent. La mémoire aussi, c’est récent. Le devoir de mémoire, j’entends. L’obligation de mémoire. Pour rappeler des choses pas belles, pas glorieuses, à l’opposé des grands sacrifices collectifs, type guerre de 14. Un monument aux morts, ça a toujours de la gueule. C’est de la mémoire simple. Tandis qu’une plaque commémorant le souvenir honteux de la déportation d’enfants juifs, « parce que nés juifs, victimes innocentes de la barbarie nazie et du gouvernement de Vichy », c’est de la mémoire compliquée. C’est de la contre-mémoire. Une sorte de manifeste. Depuis la reconnaissance, en 1995, par Jacques Chirac, des crimes de l’Etat français pendant la Seconde Guerre mondiale, le manifeste a acquis une dimension officielle.

Désormais, c’est officiel, la France a collaboré. Punkt Schluss. Point final ? Pas sûr. La France ne déporte plus d’enfants juifs, mais le mot « déportation » a pris des libertés avec le passé. Le passé, c’est comme le ciel, ça appartient à tout le monde : chacun y tire les constellations qu’il veut. Le 1er novembre, à la Toussaint, Chou et moi avons fait un tour des écoles élémentaires du 10e arrondissement de Paris. J’avais repéré deux lieux avec banderoles appelant à la solidarité avec les sans-papiers, l’un rue Saint-Maur, l’autre à l’angle de l’avenue Parmentier et de la rue Alibert. Un collègue m’en avait indiqué un troisième, rue du Faubourg-Saint-Denis. J’avais dit à Chou, tu verras...

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