La lune s’attristait. Des séraphins en pleurs, Rêvant, l’archet aux doigts, dans le calme des fleurs Vaporeuses, tiraient de mourantes violes De blancs sanglots glissant sur l’azur des corolles. — C’était le jour béni de ton premier baiser. Ma songerie aimant à me martyriser S’enivrait savamment du parfum de tristesse Que même sans regret et sans déboire laisse La cueillaison d’un Rêve au cœur qui l’a cueilli. J’errais donc, l’œil rivé sur le pavé vieilli, Quand avec du soleil aux cheveux, dans la rue Et dans le soir, tu m’es en riant apparue, Et j’ai cru voir la fée au chapeau de clarté Qui jadis sur mes beaux sommeils d’enfant gâté Passait, laissant toujours de ses mains mal fermées Neiger de blancs bouquets d’étoiles parfumées.
Pour une écoute plurielle : par Paul-Émile Deiber http://wheatoncollege.edu/vive-voix/poemes/apparition/
par Daniel Mesguich https://www.youtube.com/watch?v=7Da5ZA9v6Ws
par Christine Mattei-Barraud https://www.youtube.com/watch?v=N8kjnz8Atos
Et quand la poésie inspire les jeunes, encore aujourd’hui… https://www.youtube.com/watch?v=TNdHKyH5Rt8