Brice de Le Vingne
On se bat avec ça depuis fin mars. Fin mars, MSF a dit que c’était une épidémie sans précédent. Ca fait six mois maintenant. On a été, il y a quinze jours, jusqu’à aller aux Nations-Unies pour faire un discours, pour expliquer la situation. Maintenant on attend, il y a un conseil de sécurité spécial aujourd’hui qui doit décider aussi si c’est vraiment une menace globale, mondiale, etc. Donc on est, MSF, sur tous les fronts, sur la communication, mais aussi sur derrière, en terme d’advocacy, de lobby, pour pousser plus d’acteurs. Maintenant, il y a un problème, c’est sûr, c’est que les acteurs classiques ne peuvent pas intervenir juste comme ça sur Ebola. Raison pour laquelle on fait quelque chose de totalement exceptionnel pour MSF et dans le cadre très précis d’une catastrophe naturelle ou d’une épidémie : demander aux armées avec une capacité technique de se déployer pour pouvoir aider à isoler les cas, car c’est ce qu’il faut faire. Il faut isoler les cas. Il faut avoir des centres de traitement. Il faut que ces centres soient extrêmement bien faits, parce que sinon ils vont amplifier l’épidémie. On a vu des centres qui ont amplifié l’épidémie parce qu’ils étaient mal gérés. Donc c’est vraiment le point clé. Raison pour laquelle on a – le président américain Obama a annoncé qu’il allait déployer l’armée américaine. On va voir ce que ça va donner, mais clairement, ça fait partie des outils qu’on espère vont arriver à contrôler l’épidémie. Maintenant on attend clairement aussi l’Europe, et plusieurs pays européens, qui ont été assez frileux jusqu’à présent en termes d’engagements concrets. Pour l’instant on a des choses ici hallucinantes, on nous demande nous MSF constamment d’analyser tous les besoins et dire ce qu’il faut faire. MSF n’est pas là pour coordonner les acteurs militaires, tous les acteurs du monde qui doivent intervenir sur cette épidémie. Il faut qu’ils fassent eux-mêmes leur propre assesment de la situation, et qu’ils puissent déployer les moyens nécessaires.