480 secondes du Canyon de Chelly (Tour Operator Project)
  • il y a 10 ans
Histoire du Canyon de Chelly

Le Canyon de Chelly est un monument national américain situé dans l'État de l'Arizona, au sud-ouest des États-Unis. Il se trouve au milieu d'une grande réserve Navajo. Le mot "Chelly" est une déformation anglaise du mot navajo "tseqi", qui signifie "canyon rocheux". Il a la forme d'un Y, creusé verticalement dans les lits de grès par deux arroyos : Tsaile Creek et Whiskey Creek qui se joignent pour former le Rio de Chelly. Il s'étend sur 40 kilomètres. Depuis le nord-est, le Canyon del Muerto, long de 50 kilomètres, le rejoint à Chinle. La hauteur des falaises atteint 300 mètres.
Les Anasazis occupèrent le Canyon de manière continue depuis le début de l'ère chrétienne, jusque vers 1300. L'âge d'or des Anasazis du canyon de Chelly se situe de 1100 à 1300. Un millier de personnes devaient occuper les différents villages du canyon. Les sites les plus connus sont White House, Antelope House et Mummy Cave. Les Anasazis désertèrent la région pour des raisons mal connues, écologiques (érosion, sécheresse) mais aussi humaines (guerres). Une partie des habitants migra vers les Mesas des Hopis. Les Navajos s'installèrent dans le Canyon à partir de 1700. Ils y faisaient paître leurs troupeaux et pratiquaient une agriculture rudimentaire. En 1805, lors d'un conflit qui opposait les Navajos aux colons espagnols, un groupe d'indiens se réfugia dans le Canyon del Muerto, où ils furent poursuivis par un détachement espagnol sous les ordres du lieutenant Antonio Narbona. Retranchés dans un abri sous la falaise, les Navajos furent massacrés par les soldats espagnols. La tuerie fit 115 victimes. L'endroit est encore connu sous le nom de "Massacre Cave".
Source: Wikipédia

480 secondes du Canyon de Chelly (vidéo, 2013, 08'00'')

Aujourd'hui, le Canyon de Chelly est plus connu comme étant l'un de ces nombreux lieux désertiques que le cinéma, l'Histoire et l'imaginaire collectif ont à jamais associés à l'univers des westerns ; mais également comme un attirant lieu touristique, en alternative ou en complément avec Monument Valley et le Grand Canyon, situés dans la même réserve Navajo et zone géographique. La vidéo se compose de 120 plans d'une durée de 4 secondes, s'enchaînant sans interruption, filmés tout au long du parcours touristique des hauteurs du Canyon de Chelly*, et montrés ici dans l'ordre chronologique. Les plans ont été filmés en 25 images par secondes, chacun d'eux se compose donc de 100 images, et la totalité de la vidéo, de 12000 images.

Les touristes de masse se nourrissent d'images des endroits parcourus, où ils sont plus préoccupés par en prendre le plus possible plutôt que de regarder en dehors du filtre de l'objectif, ou tenter de vivre l'instant présent. Ils vivent l'expérience du voyage a posteriori, en décalage avec le moment vécu. "C'est une visite au futur antérieur qui trouve tout son sens plus tard, lorsque l'on montre aux parents et aux amis, commentaires à l'appui, les photos que le petit à fait de son père en train de le filmer, puis le film du père, pour vérifier." (Marc Augé, L'Impossible Voyage : le tourisme et ses images).

La durée de 4 secondes par plan a été définie de manière à ce que l'on commence à voir, sans avoir le temps de voir. De toute manière, on ne peut pas se concentrer sur un plan, car au bout de 4 secondes, il y en a déjà un autre. Ici, il y a tellement d'images qu'on ne les regarde plus : on "voit tout", mais en fait, on ne voit rien. Les images se complètent, puisqu'elles forment un ensemble et correspondent au parcours représenté, mais elles s'annulent dans leur rôle de monstration, car transformées en diaporama, elles ne veulent plus dire grand chose. Demeure leur statut de preuve, car ce ne sont plus que des traces, un peu comme des images fantômes ; l'oeil commence à les saisir, mais aussitôt elles s'échappent, et on ne voit plus rien, comme un son rentre dans une oreille pour ressortir par l'autre.

"Notre relation à l'image et à l'espace se présente sous un double aspect : nous recevons des images (fixes ou mobiles) et nous en fabriquons. Fabriquer des images (photographier, filmer), c'est à la fois s'approprier l'espace et le transformer, d'une certaine manière : le consommer. Du coup, la «prise de vue» assigne pour fin dernière à l'espace et à l'histoire qui s'y déroule le spectacle dont ils auront fourni la matière première : elle leur impose un changement de nature, de lieu et de temporalité."
Marc Augé, L'Impossible Voyage : le tourisme et ses images, p.161-162

*tout le site étant au cœur d'une réserve Navajo, il faut être natif, et donc de sang indien, pour avoir accès à l'intérieur du canyon. Le seul moyen d'y entrer lorsque l'on est étranger est de payer un guide indien, en général assez cher, mais en aucun cas on ne peut y circuler librement.
Recommandée