Quels enjeux pour la politique de voisinage de l'Union européenne à l'Est ?
  • il y a 10 ans
Conférence présidée par Dominique David, Directeur exécutif de l'Ifri.

Discours de M. Calin Popescu-Tariceanu :

Dans son admirable Journal de Roumanie, M. Thierry de Montbrial, nous rappelle cette phrase prophétique de Chateaubriand: “Heureux sont les témoins actifs des grandes ruptures de l’histoire, qui ont vécu au plus profond d’eux-mêmes la fin d’un monde et le commencement d’un nouveau!” Au premier abord, on pense tout de suite au Mur de Berlin et à la fin des dictatures communistes en Europe. En réfléchissant pourtant à ce rôle de témoin actif des grandes ruptures, je me suis surpris ces derniers jours à souhaiter de ne pas vivre derechef un de ces grands bouleversements de l’histoire de notre continent.

Le risque d’un tel bouleversement n’est pourtant pas si loin, car, depuis la crise des missiles cubains, la communauté internationale ne s’est plus confrontée à des épreuves comparables à celles que nous vivons depuis l’annexion de la Crimée, le 18 mars courant. Dans cette perspective, les enjeux de la politique européenne de voisinage acquièrent une importance que j’ose qualifier de dramatique, et font ressortir du coup ce qu’il y a de central et d’essentiel dans cette dimension qu’on jugeait souvent comme périphérique dans tous les sens du mot.

Les événements qui se déroulent ces jours-ci sous nos yeux prouvent, à mon avis, que ce que l’on pouvait considérer comme une continuité – voire une routine - des discours et des actions de l’Union par rapport à ses voisins à l’Est s’est en fait avéré comme une épreuve de tout premier ordre pour l’Europe politique et pour sa capacité de réaction face à l’agression.

Car, hélas, il s’agit bien d’une agression, perpétrée par la Fédération Russe, et affectant l’intégrité du territoire d’un État souverain, l’Ukraine, au moment même où les citoyens de cet État souverain manifestaient leur volonté d’intégration européenne.
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