Léo Ferré-Pauvre Rutebeuf

  • il y a 10 ans
Léo Férré a rendu hommage tout au long de sa carrière aux poètes qu’il admirait tant : ceux de son époque mais aussi du passé Et il remonte très loin quand il met en musique en 1956 (album « La guinche ») Rutebeuf qui était un poète du 13ème siècle, contribuant alors à le sortir un peu de l'oubli Ce personnage haut en couleurs, acrobate qui a vécu dans la misère a souvent lancé des diatribes contre les grands de son époque et était aussi un « poète personnel » qui a été un des premiers à témoigner de ses conditions de vie misérable, de ses peines Tout cela ne pouvait évidemment qu’interpeller Ferré !
Ici, il n’a pas hésité à puiser des strophes dans « la complainte Rudebeuf » et « la grieche d’hiver » mais aussi dans le mariage Rudebeuf qu’il a ensuite mélés pour construire cette superbe chanson sur un accompagnement lancinant de piano
Il y a une anecdote amusante au sujet de cette chanson : un jour, un routier interpelle Ferré pour lui demander quand il interprétera à nouveau « le pauvre bœuf » à la télévision ! Ferré s’est bien gardé de rectifier car il était ravi et fier d’avoir pu contribuer à faire connaître ce poète au plus grand nombre "C’est ça la connaissance… la culture dans le cœur… avant l’université" dira Léo Ferré
Il est à noter que cette chanson, une des plus célèbres de l’artiste a été maintes fois reprise comme par Joan Baez qui a contribué à la faire connaître outre-atlantique en la traduisant en langue de Shakespeare

Que sont mes amis devenus
Que j'avais de si près tenus
Et tant aimés
Ils ont été trop clair semés
Je crois le vent les a ôtés
L'amour est morte
Ce sont amis que vent emporte
Et il ventait devant ma porte
Les emporta

Avec le temps qu'arbre défeuille
Quand il ne reste en branche feuille
Qui n'aille à terre
Avec pauvreté qui m'atterre
Qui de partout me fait la guerre
Au temps d'hiver
Ne convient pas que vous raconte
Comment je me suis mis à honte
En quelle manière

Que sont mes amis devenus
Que j'avais de si près tenus
Et tant aimés
Ils ont été trop clairsemés
Je crois le vent les a ôtés
L'amour est morte
Le mal ne sait pas seul venir
Tout ce qui m'était à venir
M'est avenu

Pauvre sens et pauvre mémoire
M'a Dieu donné le roi de gloire
Et pauvre rente
Et droit au cul quand bise vente
Le vent me vient le vent m'évente
L'amour est morte
Ce sont amis que vent emporte
Et il ventait devant ma porte
Les emporta

L'espérance de lendemain
Ce sont mes fêtes