Captation du spectacle "Noir et Humide" de Jon FOSSE

  • il y a 11 ans
Jeu Etienne Serck, Irina Solano et Delphine Zucker | Lumières Franz Laimé | Régie Gregorio Yong Vivas et Ignazio Trama |

Dans la maison de Lene, il y a … des sièges, disposés ça et là. Entrent les spectateurs, qui s’installent, sans trop savoir, et sans même soupçonner que leur présence muette participe déjà à modifier le jeu. Acteurs et spectateurs se tiennent au bord de la cave : et peu à peu se tisse l’écheveau singulier de leurs rêveries intimes, comme un fil tendu, tenu par le désir impérieux, éperdu de Lene.
La petite fille rêve de transgression, veut mesurer ses forces avec la figure forcément noire et angoissante de l’Inconnu. C’est bien l’expérience d’un moment précis, celui d’une incroyable détermination. On ne s’identifie pas à un personnage, on est happé par ce désir qui ne cède à rien.

L’écriture minimaliste de Jon Fosse possède un rythme qui va à l’encontre de tout ce que l’on propose aux jeunes aujourd’hui. La sobriété du style à la fois dense et volontairement répétitif rend extraordinairement concrètes les grandes questions de la vie. Ce style traduit aussi un esprit, celui qui anime la création du metteur en scène Christophe Laluque : le Théâtre oublie ses codes, délaisse les effets scéniques attendus pour laisser émerger une parole qui au cœur même de son étrangeté nous semble terriblement familière. Et cette parole nous élève, et permet de grandir.

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