Lettre à Nikos, aux prisonniers et prisonnières de toutes les taules.
« la prison m'aura appris à quel point la liberté est précieuse et qu'en vertu de celle valeur il faut tout mettre en œuvre pour la préserver ou (même) la conquérir »
Nikos le pyrotechnicien : on sait bien que la prison, l'enfermement et l'humiliation qu'ils représentent, ne te rendront ni docile ni affaibli. On sait que le milieu carcéral, la réponse répressive va nourrir ta haine de ce système pourri et ta quête de liberté. Cette peine n'est exemplaire, ni pour toi, ni pour nous.
Quand un compagnon part en prison, la haine du système et la rage nécessaire à le renverser nourrit aussi les esprits de celles et ceux qui sont restés dehors, ce dehors où les barreaux ne se voient pas.
Comment lutter et résister en prison ? Comment se raccrocher à la liberté quand on se fait enfermer ?
Les questions se posent à l'intérieur, et à l'extérieur, ou nous avons l'illusion de liberté mais sommes prisonniers du système capitaliste. Libres de se plier à la volonté d'un chéfaillon à l'usine, ou de pointer à Pole Emploi, au RSA.
A nous de créer des espaces de liberté temporaire ou relative, des espaces de liberté tout court, partout ou nous sommes, en prison et dehors.
Bien que cette comparaison -entre intérieur et extérieur- ait une limite que l'on connaît et respecte, dans les deux cas, c'est difficile mais nécessaire à notre survie.
Chaque fois qu' un acte, en l'occurrence un feu de poubelle ou un tag, est puni, parce qu'il est considéré comme violent par la justice, c'est le silence assourdissant de la violence du système dans lequel on vit, qui nous pète à la gueule.
Se focaliser sur l'amélioration des conditions de vie en prison, réformer l'univers carcéral n'est pas suffisant. Et empêche l'analyse du système social ,justiciaire et pénitentiare, nous limite dans notre volonté d'abolition de la prison et de toute forme d'enfermement : la prison ET son monde.
Ce ne sont pas les prisons qui sont trop petites, c'est les espaces dans lesquels ils veulent nous faire vivre qui le sont. Les espaces physiques, relationnels, psychologiques, artistiques...L'espace familial, scolaire et du travail. L'Univers urbain militarisé......
Ami, si tu tombes, un ami sort de l'ombre à ta place... Nikos, Taulards et Taulardes, bien des combats nous attendent au delà des ondes, des murs et des mots.
Nos mots s'arrêtent là puisque ce soir comme tous les soirs, Nous sortons : Lógo mén...érgo dé
(En paroles,...mais en actes/En principe,...mais en réalité. Cette expression courante oppose l'apparence à la réalité, les intentions aux actions concrètes. )